Une étude a été menée sur les ressources naturelles exploitées ou exploitables par les populations
dans l’aire qu’il est convenu d’appeler «Espace Taï», dans le Sud-ouest de la Côte d’Ivoire. La GIZ en est
le commanditaire. Ce travail mené par deux consultants, MM Ildefonse Ndabalishye et Armand-Aimé
Zabouo, du 16 juin au 6 août 2014, consistait en un inventaire et une analyse assortis de propositions pour
une valorisation rentable et durable du capital en question. Celui-ci recouvre les domaines floristique,
faunistique, culturel et touristique. L’enjeu est, à la fois, environnemental, économique et social.
Le destinataire direct de cette étude est certes son initiateur, mais il n’en reste pas moins que les
acteurs institutionnels ou techniques pour lesquels son contenu peut s’avérer utile, sont nombreux. Il est un
fait que plusieurs départements ministériels et partenaires internationaux et nationaux ont un rapport avec
l’objet traité, sans oublier ses bénéficiaires actuels.
L’objectif ultime visé par l’opération est la protection du Parc National de Taï (PNT), qui constitue
le coeur dudit territoire. En effet, ce patrimoine à la fois national et mondial, continue de subir des
prélèvements illicites via le braconnage et l’activité de cueillette de la part des riverains. Il est question de
détourner ces derniers de cette convoitise en les appuyant dans la recherche d’alternatives développables
dans leurs terroirs.
L’étude a été globalement conduite en s’inspirant de la MARP. Les échanges avec les acteurs
rencontrés en vue de les faire participer se sont déroulés selon la technique de l’Interview semi-structurée
(ISS). Quant à l’analyse des données collectées, elle s’est faite selon la méthode SWOT.
Les ressources identifiées peuvent être réparties en quatre groupes : (i) les végétaux comestibles,
(ii) les végétaux à usages divers, (iii) la faune (terrestre et aquatique, (iv) les forêts villageoises, (v) les sites
culturels villageois. De cet ensemble, seule la faune fait, ce jour, montre d’un certain poids sur le plan
macroéconomique, à travers la filière «viande de brousse» et à travers la pêche. Les végétaux alimentaires
ont, aussi, une certaine importance qui se situe au niveau de la subsistance des ménages et du petit
commerce local.
Diverses faiblesses ressortent de l’exploitation du capital dont il est question. Mais, par ailleurs,
quelques atouts et des opportunités permettent d’échafauder des perspectives qui s’articulent correctement
avec le but visé par l’étude. Le premier point fort réside dans la grande prise de conscience des populations
concernant l’environnement et la biodiversité. Cet élan, qui s’exprime plus clairement chez les autochtones
que chez les migrants, se perçoit à travers des initiatives préservation de fragments des forêts par des
individus, par des communautés ou par des collectivités.
Au niveau des plantes alimentaires, l’alternative la plus remarquable et qui est déjà effective,
s’avère être la domestication de deux espèces, Irvingia gabonensis (sackô) et Tieghemella heckelii
(makoré). Il s’agit d’arbres produisant des amandes oléifères utilisées dans la confection de sauces. Il
apparaît que le principal facteur limitant est la disponibilité de plants, dont la source est surtout les projets.
La longue durée d’entrée en production de ces arbres ne semble pas être une contrainte rédhibitoire. Elle est
d’ailleurs résolue par le biais du greffage, du moins pour I. gabonensis. Cette technique, qui ramène cette
période d’attente de 10 ans à 5 ans, n’est pas encore adoptée en Côte d’Ivoire. Il y a lieu de la tenter.
Les plantes non alimentaires sont, principalement, exploitées à travers l’artisanat et la
pharmacopée. Ce sont deux domaines réservés à des initiés, dont l’art se transmet souvent filialement. Les
nombreuses espèces impliquées figurent sur une liste inclusive se trouvant en annexe. L’empirisme, qui
encore caractérise la phytothérapie ivoirienne, constitue un sérieux handicap. En revanche, la cherté de la
médecine moderne fait de cette pratique une alternative attractive, tout comme l’appui envisagé par le
MSLCS s’avère être un atout mobilisateur. S’agissant de l’artisanat, il reste un terrain sous-exploré.
En ce qui concerne la faune, la petite chasse traditionnelle reste inoffensive tout en contribuant à
l’équilibre nutritionnel au niveau familial. Elle peut continuer à se pratiquer dans les espaces libres d’accès,
selon la législation en vigueur. Il en va autrement du braconnage professionnel, pour lequel la parade
prioritaire reste la répression policière. La mise en élevage de certaines espèces sauvages comme
l’aulacode, et possiblement la gazelle, peut en perspectives représenter un moyen d’approvisionnement des
maquis devenus l’un des piliers de la gastronomie ivoirienne. Les expériences méritent d’être reprises.
Le poisson extrait du lac de Buyo s’avère être la composante phare des ressources tirées de
l’espace périphérique au PNT. La qualité de cette denrée et la technicité de ses professionnels représentent
un atout majeur. En revanche, le déclin de l’encadrement de ces derniers et l’anarchie qui en découle,
semblent constituer une menace à l’équilibre démographique de l’ichtyo-faune. Il y a, spécialement,
urgence.
La détermination de certaines personnes et communautés de l’espace Taï à sauver ce qui leur reste
de peuplement sylvicole et de sites culturo-touristiques, ne semble pas suffire à en assurer le succès. Il
apparaît, chez ces dernières, un besoin crucial en termes d’appui pour la caractérisation initiale et
l’aménagement de ces reliques. L’assistance en la matière proviendra principalement de l’OIPR en synergie
avec la GIZ. Des recommandations d’ensemble sont formulées en fin du rapport.
Type de document
National Report
Date de publication (du fichier / URL)
20 avril 2022
Aichi targets
2. Biodiversity values integrated
Fichiers
Pays
Côte d'Ivoire