Parcs Réserves Côte d'Ivoire

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La situation politique instable qui prévaut en Côte d’Ivoire depuis fin 99 a provoqué des difficultés importantes dans la gestion et le suivi des parcs et réserves de ce pays. Ainsi, la présente évaluation devait porter sur les 13 principales aires protégées actuelles mais trois parcs et réserves n’ont pu être traités du fait du manque d’information récente les concernant. 

 Globalement, les aires protégées de Côte d’Ivoire sont soumises à de fortes pressions, susceptibles de remettre en cause leur avenir. Les principales pressions identifiées sont le braconnage, l’exploitation agricole, l’exploi-tation forestière, la pêche, le prélèvement des produits forestiers non ligneux et ligneux secondaires, les feux de brousse incontrôlés. De plus, exception faire des îles Ehotilé et du parc du Banco, les aires protégées ne sont actuellement pas soutenues par les communautés locales. Les gestionnaires des parcs identifient les mêmes difficultés : la forte valeur des ressources des parcs (bois d’œuvre par exemple) et la forte demande qui existe pour ces ressources, ainsi que l’accès facile des parcs. Par ailleurs, la situation de crise explique un certain nombre de problèmes : instabilité politique, corruption, faible application de la loi, développement des activités illégales. Dans certains parcs, les gestionnaires reconnaissent qu’ils subissent des pressions importantes pour exploiter les ressources. 

 Tai excepté, qui a de bonnes performances, la gestion dans l’ensemble des parcs apparaît plutôt faible à moyenne. Seuls cinq parcs ont des plans d’aménagement et de gestion (PAG) à ce jour. Ces plans manquent souvent de mesures destinées aux populations péri-phériques. 

 Pour inverser cette tendance, il faudrait que les gestionnaires voient leur pouvoir d’action renforcé et qu’ils soient dotés de moyens adaptés, pourvus d’un personnel compétent, de modes de gestion efficaces et d’une feuille de route claire assortie d’indicateurs de résultats mesurables et contrôlés. Il faut aussi un engagement politique fort et explicite de l’Etat pour les aires protégées. Un plaidoyer devrait être engagé au plus haut niveau politique pour une prise en compte effective de ces questions de conservation à tous les niveaux décisionnels de l’Etat.

 Les infrastructures ont énormément souffert de la crise : il n’y a quasiment pas de véhicules, de matériel pour les sorties sur le terrain et de moyens de communication. Les financements ont été très faibles ces dernières années. L’OIPR est néanmoins optimiste pour le futur car le fonds pour l’environnement mondial (FEM) pourrait réactiver un financement prévu avant la crise. Si cela se confirme, chaque parc pourra prétendre à un financement de la Fondation créée à cet effet, à condition qu’il ait élaboré et validé un plan de gestion et un plan d’affaires. Ces deux documents manquent à de nombreux parcs, il est donc important de les finaliser.

 A court terme, il apparaît urgent de :

• Réactiver les réunions régulières du conseil de gestion de l’OIPR pour valider les décisions importantes de façon consensuelle ; 

• Optimiser le système de surveillance, en fonction des moyens disponibles, de façon à faire diminuer la pression du braconnage dans tous les parcs (par exemple par des brigades mobiles, si elles s’avèrent pertinentes, mais d’autres solutions existent) ;

• Trouver une solution aux problèmes spécifiques de la Marahoué ;

• Reprendre le processus de délimitation de toutes les aires protégées pour matérialiser sur le terrain leurs limites, et faire reculer partout où c’est possible les empiètements et occupations illégales ;

• Mettre en place des zonages pour chacun des parcs, comme cela est prévu par la loi, pour rendre plus efficaces les décisions de gestion ;

• Clarifier par un acte juridique le statut de la réserve de N’Zo et son rattachement au parc de Taï ;

• Porter une attention particulière à l’état de conservation des 3 sites du Patrimoine Mondial (PM), Taï, Comoé et Mont Nimba, en prenant en compte les recommandations du Comité du PM ;

• S’assurer que les plans de gestion abordent la question des communautés périphériques et rendre opérationnel les comités locaux de gestion ;

 • Réfléchir au statut des ressources renouvelables dans les réserves, et conforter leur protection lorsqu’une utilisation durable raisonnable n’est pas possible ;

• Lancer une médiation sur les îles Ehotilé et encourager l’extension du parc à la zone marine;

 • Rendre opérationnel le Conseil Scientifique de l’OIPR et s’assurer que ses recommandations sont prises en compte dans les décisions de gestion ;

• Rendre opérationnelle la Cellule de Suivi Faune au sein de la Direction Générale en recrutant un chef de la cellule;

• Mettre en place une base de données sur les activités de recherche dans les parcs. Un documentaliste pourrait être affecté à l’OIPR et s’occuper de l’archivage, de la capitalisation et même de coordonner la stratégie de recherche.

 A moyen terme, l’enjeu sera de : 

• Reconstruire les infrastructures touristiques pour permettre une reprise de l’activité lorsque la situation du pays sera normalisée, en partenariat avec des professionnels de ce secteur ;

• Conduire une réflexion avec les populations riveraines en vue d’une évolution des modes de gestion des parcs pour intégrer les aspirations légitimes de ces acteurs sans remettre en cause le statut, les objectifs ou l’intégrité des parcs ; 

• Sensibiliser les magistrats sur les fonctions des aires protégées et leur rôle dans la conservation, mais aussi pour l’amélioration des revenus des populations locales ;

• Définir une stratégie de recherche dans les parcs à long terme ;

 • S’interroger sur la représentativité réelle du réseau et mener une réflexion sur sa nécessaire extension pour rétablir la connectivité des écosystèmes.

Date de publication (du fichier / URL)
20 avril 2022
Aichi targets
A. Mainstreaming Biodiversity
7.3. Areas under forestry are managed sustainably, ensuring conservation of biodiversity
Pays
Côte d'Ivoire